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21 novembre 2006

Le retour "d'Amstrad"



Après sa réélection à la Mairie de Bordeaux qui ne fut qu'une formalité, le "meilleur d'entre nous", le premier ministre droit dans ses bottes de 1995, le surdoué de l'ENA surnommé "Amstrad" par ses condisciples, Alain Juppé donc, fait sa rentrée médiatique au micro de France Inter dans l'émission de Stéphane Paoli, Le Franc Parler.

Malgré une fidélité à Chirac exemplaire (il refuse d'admettre que Chirac a trahi Giscard en 81), il reconnaît néanmoins que le bilan du chef de l'Etat est "contrasté" (le seul exemple donné d'une réalisation significative de l'action du Président est celui des 5000 vies épargnées par la lutte contre l'insécurité routière).

Comment éviter la machine à perdre à Droite ? Il faut d'après Juppé respecter le choix des militants UMP et "faire bloc derrière le candidat choisi". Ni plus, ni moins. Il n'a pas précisé néanmoins qui, à l'UMP, avait ses préférences.

Les priorités qu'il dégage pour l'action politique du prochain quinquennat : faire face à la mondialisation par l'innovation et créativité (tarte à la crème s'il en est), relancer l'Europe au moyen du noyau moteur des pays de l'Eurozone, devenir des "militants de la terre" (on ne peut s'empêcher de sourire en entendant ces mots dans la bouche de Juppé qui a pourtant bien passé 1/4 du temps de l'émission à parler d'écologie).

Pour lui, le clivage Gauche/Droite sur le chômage se matérialise autour des rigidités du marché du travail que la Droite doit de son point de vue débloquer pour libérer le marché de l'emploi.

Concernant la mondialisation, il considère qu'il faut "l'humaniser" et pas la "diaboliser" car elle a permis à des millions de chinois et d'indiens d'améliorer leur niveau de vie : les victimes françaises des délocalisations industrielles apprécieront...

Je vous épargne le discours sur les bienfaits de l'OMC, la gouvernance mondiale en marche et autres sujets technocratiques bien éloignées des préoccupations concrètes quotidiennes des Français.

Très franchement, je n'ai pas vu une grande différence entre le Juppé d'avant et le Juppé d'après l'exil canadien (pas de discours concret, pas de vision claire de la société et de ses aspirations, des vieux schémas de pensée archéo-gaullistes, etc.)...

Un peu dépassé l'Amstrad, non ?

5 Comments:

Blogger Hussard Bleu said...

Je dis juste que Juppé, comme la quasi-totalité des élites politiques de ce pays, de droite comme de gauche, n'a absolument pas pris la mesure des aspirations du peuple français et du climat social qui y règne. A croire que la victoire du Non au référendum ou les émeutes dans les banlieues ne sont révélatrices de rien !
Quant au débat sur la mondialisation, il faudrait enfin avoir le courage de dire que la politique à mener ne peut plus se contenter d'être nationale mais doit être gérée au niveau européen. En ce sens, je suis à 150% d'accord avec les thèses et la vision de la société d'Emmanuel Todd que Juppé a balayé d'un revers de main dédaigneux durant cette émission. Croire que l'on peut s'adapter à la mondialisation par la seule éducation est une escroquerie, colportée comme une nouvelle pensée unique de droite (Juppé) comme de gauche (Ségo).

5:13 PM

 
Blogger Hussard Bleu said...

J'oubliais, Tcharlie, toi comme moi savons ce que c'est que d'embaucher des salariés. Tu devrais donc bien reconnaître que la souplesse des contrats de travail n'a qu'un effet marginal sur les embauches. On embauche quand on a du boulot, point à la ligne. La clé, c'est la croissance, pas le type de contrat de travail. Réduire le débat à la flexibilité du travail pour réduire le chomage est une approximation coupable. La meilleure preuve en est que le Medef n'était absolument pas demandeur pour le CPE. Villepin et Breton n'ont d'ailleurs pas manqué de le faire savoir à Mme Parisot...

5:20 PM

 
Anonymous Anonyme said...

Paraphrasant Hussard bleu qui affirme,
« Quant au débat sur la mondialisation, il faudrait enfin avoir le courage de dire que la politique à mener ne peut plus se contenter d'être nationale mais doit être gérée au niveau européen»; j'en conclu que l'Europe a donc remplacé le Socialisme, le Grand Soir comme solution à portée de main à tous nos problèmes. Avant c'était la "Sociale". Et encore avant c'était la Grande Nation à la tête de l'Europe sous Napoléon. Et encore avant c'était la Fille ainée de l'Église...

Donc l'Europe (Et laquelle ; celle de l'Atlantique à l'Oural ou celle des quadra France-Allemagne-Italie-Espagne?) est la réponse à la mondialisation. Or la mondialisation n'est qu'un autre mot pour le libre-échange. Donc j'en déduis que l'Europe est une réponse protectionniste au libre-échange mondial. Au fond Hussard bleu croit que le protectionnisme est acceptable s'il ne se limite pas aux frontières françaises. Le jacobinisme européen est le dernier gadget politique de la gauche utopiste française (Pour une Eurpe sociale!) et de capitalistes d'état parisiens(dernière usine à gaz : Aids et Airbus)

Comme disait un Maastrichien, adepte de «l'Europe pour la Paix» en pleine crise yougoslave : «Il ferait beau voir la Province de Québec devenir une république américaine alors que la République française n'aspire qu'à devenir une province européenne...»

6:37 PM

 
Blogger Hussard Bleu said...

Je pense juste qu'il faut revenir à l'idée fondatrice européenne et se souvenir d'un passé aujourd'hui disparu qui avait pour nom "préférence communautaire". N'oublions pas que l'Europe c'est aujourd'hui près de 500 millions d'habitants, de quoi effectivement être un peu plus protectionnistes (les Etats-Unis ne s'en privent pas) sans craindre de se retrouver avec un marché intérieur de 60 millions de consommateurs.
Et pour répondre encore plus précisément à Peasoup (à qui je souhaite la bienvenue), oui, je pense que le libre-échange tel que pensé initialement par Ricardo et la spécialisation des nations a vécu et qu'il faut lui trouver une alternative.

6:45 PM

 
Anonymous Anonyme said...

Merci pour le mot de bienvenu...

Mais dans ce qui précède, J'avoue ne pas comprendre l'allusion aux USA qui ne se priveraient pas d'être protectionnistes. Aux dernières nouvelles l'ALENA (NAFTA en anglais) à savoir le traité de libre échange entre ces derniers, le Canada et le Mexique existe toujours!

La France craint de se retrouver avec un marché intérieur que de 60 millions de consommateurs. Alors que doit en penser la centaine de pays qui ont des marchés bien moins reluisants? Si cette perspective est valable pour la France, elle doit être valable pour la Terre entière!

En somme cette logique du toujours plus non seulement bat en brèche les intérêts nationaux, mais il remet en cause le cadre historique du développement des traditions démocratiques en Occident qui se sont exercées exclusivement dans le cadre des états-nations. Nous ne connaissons pas encore une expérience démocratique d'un état multinational de plus en plus centralisé. En effet n'oublions pas que le premier traité européenne faisait déjà allusion à une «union de plus en plus forte». Aucune limite au jacobinisme européeen n'y était prévue. Même une Europe fédérale risquerait d'être trop «lâche» aux yeux de beaucoup puisque toute une gauche française imagine l'Europe sociale organisée de façon aussi centralisée à Bruxelles qu'elle l'est actuallement à Paris.

Bref! Je suis toujours étonné par l'absence, de la part des européistes français, de prospectives fines et détaillées - fiscales, sociales, culturelles, diplomatiques, géo-stratégique, militaires, etc. du projet européen, toujours dans le cadre implicite «d'une union de plus en plus forte» . Sinon pour dire qu'ils sont pour la vertu et contre le vice dans le monde en général et en Europe en particulier...

Un exemple? La candidature Royal pour les socialistes
est à ce jour sans image ou discours clair des socialistes français pour le projet européen. Cela se résume à : "Nous sommes pour le projet européen!» C'est à peu près tout. Est-ce une Europe libérale, sociale, Est-ce une Europe fédérale, à géométrie variable, à deux vitesses, à spirale ou à vapeur... Les dirigeants français ou les aspirants dirigeants français prétendent encore à un rôle de leadership européen, mais on ne connait pas vraiment leurs idées là-dessus. On dirait que seuls les apparatchiks bruxellois semblent avoir une idée assez nette là-dessus. À savoir:Il faut de plus en plus de pouvoirs à Bruxelles . C'est-à-dire une «union de plus en plus forte»...

Dernière question : Pour les européistes français, la souverainté est-elle une notion dépassée non seulement pour la France, mais aussi pour l'Europe?

2:37 AM

 

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