Site de débat d'idées, animé par des blogueurs de toutes tendances politiques, France Politique est le lieu où s'échangent et s'affrontent les opinions, les réflexions et les convictions les plus diverses.

16 novembre 2006

L'hygiénisme fait un tabac


La lutte anti-tabac a atteint aujourd'hui son apogée en France avec la publication au Journal Officiel du Décret sur l'interdiction du tabac dans les lieux publics.

Disons-le tout net, je ne suis pas fumeur mais cette atteinte aux libertés individuelles me révolte. Elle me semble surtout révélatrice du délire "hygiéniste" dans lequel est entré notre société ces dernières dizaines d'années. Cette volonté farouche de l'Etat de devoir protéger l'individu de tous les dangers qui le guettent, fusse contre son gré.

Adultes immatures n'ayez crainte, l'Etat vous sauvera malgré vous ! Vous ne pouvez résister à une petite clope ? un petit verre de vin ? Nous ferons en sorte de vous dissuader : hausses de prix, amendes, interdictions. Vous roulez trop vite ? Nous ferons ce qu'il faut pour vous en empêcher : radars, contrôles, prison.

Aujourd'hui les cibles principales des dictateurs de la santé publique sont la vitesse, le tabac et l'alcool. Et demain ? Continuera-t-on à vous laisser manger ce que vous voulez ou interdira-t-on l'andouillette et le Tablier de Sapeur, jugés trop "lipidiques" ?

A l'éducation à la tempérence et au plaisir, l'Etat omniprésent préfère la diabolisation puis l'interdiction pure et simple. C'est son droit démocratique. D'ailleurs, dans les sondages, 70% à 80% des français se disent favorables à cette législation anti-tabac, ce qui en dit long sur le souci unique de nos contemporains : être "sécurisé" (dans sa vie privée, dans sa santé, dans son parcours professionnel, dans sa retraite, etc. etc.)

Mais quand on voit les proportions que prend ce débat, il faut reconnaître que l'on frise l'absurde et le totalitarisme. Juste une anecdote : lorsqu'il a été question d'émettre un timbre à l'effigie d'André Malraux, la photo qui servit de modèle fut retouchée pour faire disparaître cette honteuse cigarette qu'il arborait en permanence. On réécrit l'histoire comme aux plus belles heures du Stalinisme et cela ne révolte plus personne. C'est bien triste.

En tout cas, bien que non-fumeur, je ne hurlerai pas avec les loups.

7 Comments:

Blogger Hussard Bleu said...

C'est bien ce que je disais 70% à 80% des français sont pour...
Mais je ne peux pas te laisser dire que nos enfants n'ont pas le choix. Nous avons dans notre génération tous été élevés dans une société que tu dois juger "permissive" selon tes critères et pourtant je ne fume pas, et autour de moi tous ou presque ont arrêté de fumer un jour ou l'autre. Il n'y a donc pas de "conditionnement". C'est une question de responsabilité personnelle. Quant à la liberté, je préfère celle de mourir d'une crise cardiaque à 77 ans comme Bernard Frank au resto en buvant un verre de rouge qu'à 92 ans d'Alzheimer dans un hopital.

4:16 PM

 
Blogger Hussard Bleu said...

Juste bu (chacun ses addictions). Pommard 96. Un délice.

5:43 PM

 
Anonymous Anonyme said...

J'avoue que quand je visite la France, cela me devient de moins en moins agréable d'y manger et d'y boire dans les restaurants et les cafés toujours aussi enfumés. En Amérique du Nord les fumeurs sont une espèce en voie de disparition. Comme ce fût le cas d'ailleurs partout en Occident des amateurs de chiques et de leurs crachoirs - aujourd'hui oubliés - qui vous diffusaient la tuberculose à la vitesse grand V.

Je suis toujours éberlué par les invocations que l'on fait en France de la Liberté de fumer, alors que la liberté d'expression y est particulièrement fragile. Témoin un rare jugement de la Cour de Cassation favorable à cette liberté, au profit d'un publicitaire qui avait fait un pastiche de la dernière Cène. Témoin de nombreuses lois liberticides françaises tant de droite que de gauche.

À ce que je sache les fumeurs en France continueront pourtant d'avoir le droit de nous empester sur les terrasses et ailleurs sur la voie publique. On a oublié que ce fût le même discours d'atteinte aux libertés que l'on entendait contre l'obligation du port de la ceinture de sécurité dans les voitures. Et le port d'arme? Et les limitations de vitesse? Est-ce vraiment une restriction à la liberté? Liberté de quoi? De se déplacer? De s'exprimer? De se rassembler? De s'associer? Nullement! Dans bien des cas il s'agit de restrictions qui concernent une consommation non essentielle - sinon dangereuse - à la vie humaine. Et il est plutôt ironique que l'opposition organisée en France à la règlementation du tabac par des commercants jouissant d'un monopole de vente du tabac accordé par l'État invoquent la liberté, alors qu'ils abusent d'une situation dominante qui va à l'encontre de la liberté contractuelle et commerciale. C'est l'hommage du vice à la vertu!

6:35 AM

 
Anonymous Anonyme said...

Le fait que les restos enfumés soient désagréables n'a rien à voir avec le sujet du billet. 80% des gens trouvent ça chiant et ils vont manger ailleurs. Je suis fumeur mais je ne fume pas à table. Ca m'interpelle quand même comme Hussard sur à quel point on est prêt à s'en remettre à d'autre (l'Etat en l'occurence) de nous faire faire des choix et de nous guider dans des comportements dont nous devrions être seuls juges. On peut toujours s'amuser à pousser l'exercice plus loin : Le manque de sommeil déclenche tout un ensemble de troubles de santé physiques et morales = l'Etat pourrait interdire la diffusion de programme télé après 22h et surtout bannir les séances de minuit au cinoche.
Le symptome de la peur du libre choix, la peur de la responsabilité que revele cette tendance me parait autrement inquiétante !

11:55 AM

 
Blogger Hussard Bleu said...

C'est exactement le sens de mon billet Sacha ! Nous nous sommes compris...

1:27 PM

 
Anonymous Anonyme said...

la cigarette a l'inconvenient d'avoir un impact sur les gens qui entoure celui qui consomme. les fumeurs peuvent bien se tuer avec la clope,ca me derange pas plus que ca.. par contre, de quel droit imposent-ils aux autres les dechets produits par leur consommation ?
en tout cas, ma femme ne supportant pas la cigarette meme dans la rue, cette loi vas accroitre ma liberte : je vais pouvoir me balader dans des endroits que l'odeur m'interdisait de frequenter auparavant

3:31 AM

 
Anonymous Anonyme said...

"Le symptome de la peur du libre choix"

Oui Sacha et Hussard, c'est complètement ça, la demande d'infantilisation à l'extrême de nos concitoyens.

Perso je suis une ancienne fumeuse. Qui sort en boite. Et ne peste pas contre les fumeurs qui s'y trouvent et grillent leurs cibiches. Si ça me gène, je n'ai qu'à m'en aller. Je connais le deal au départ, et je suis libre de la refuser ou de l'accepter. (Par contre je gueule contre le tôlier, qui pourrait dans certains cas s'équiper d'un système d'extraction un chouia plus performant sans que ça ne grève trop ses profits...)

10:38 PM

 

Enregistrer un commentaire

<< Home

 
web statistics