Site de débat d'idées, animé par des blogueurs de toutes tendances politiques, France Politique est le lieu où s'échangent et s'affrontent les opinions, les réflexions et les convictions les plus diverses.

07 novembre 2006

L'égalité n'existe pas

Le genre de discours dont notre ami Desirsdavenir se fait ici l'écho, et dont il nous rappelle opportunément qu’il remonte au 19ème siècle, est exaspérant. Et il est à mon sens très révélateur de ce qui nous oppose fondamentalement.

A lire DSK, seul le marché produit des inégalités, inégalités si terribles que l’état se doit de les corriger en investissant les deniers publics sur les classes sociales supposées victimes de ces inégalités.

Pour ma part, et je le dis très sereinement, ce que DSK nomme « l’égalité réelle des destins » (sans trop la définir d’ailleurs) et qui est son objectif, n’existe pas.

Qu’il soit du rôle de l’état de mettre à la disposition de tous les mêmes conditions d’éducation, et de favoriser ensuite une promotion sociale non fondée sur les seuls moyens financiers, cela me semble une évidence (encore faut-il pour cela développer une certaine idée de la « méritocratie » à laquelle la Gauche s’est toujours opposée par souci « d’égalitarisme »).

Mais se fixer comme objectif « d’égaliser le capital global de départ en donnant plus de capital public à ceux qui ont moins de capital personnel » (pour des anti « capitalistes », la formulation fait sourire), c’est négliger à mon sens deux points fondamentaux.

Tout d’abord l’influence et le rôle de la cellule familiale. Dans ce domaine la Gauche s’est toujours fourvoyée en confondant enseignement et éducation. Consacrer des moyens gigantesques à l’Education Nationale ne peut que résoudre avec plus ou moins de succès le problème de la formation (je sais lire, compter, écrire sans fautes d’orthographes, etc.) mais en aucun cas celui de l’éducation. Apprendre le respect, la morale, le devoir, l'honneur, les valeurs humanistes, bref, des principes de vie personnelle et en société ne se fait pas à l’école, mais au sein de l'environnement familial. Et ce « capital » là, je ne vois pas comment l’Etat pourrait le distribuer… Ce n’est pas en donnant plus de moyens aux ZEP (même si cela est nécessaire) que nous résoudrons les problèmes d’éducation. C’est d’ailleurs étonnant qu’après un si long exposé, d’une si brillante théorie, si radicalement « émancipatrice », DSK ne trouve comme exemple concret d’application de cette politique que les ZEP ! C’est un peu court non ?

Ensuite, il me semble évident, même si à notre époque du politiquement correct il est de mauvais ton de l’affirmer, que, même en dehors des circonstances matérielles et géographiques, l’égalité des hommes à la naissance n’existe pas. A chacun ses qualités et ses défauts. Nous avons tous, je pense, pu observer que l’humanité était composée de gens intelligents et d’idiots, de beaux et de moches, de débrouillards et d’incapables, de volontaires et de fainéants... Et oui, Desirsdavenir, les cons existent tu peux me croire et ce n’est pas le capitalisme ou l’économie de marché qui les fabrique ! Vouloir à tout pris l’égalitarisme est en ce domaine une absurdité utopique et d’une naïveté confondante.

Et quels sont les critères que retiendra l’Etat pour juger de l’atteinte de ses objectifs d’offrir à tous « l’égalité réelle des destins » ?

Comment juger de la réussite d’une telle politique « d’égalité réelle » ?

Quand il n’y aura plus d’ouvriers ? Que nous serons tous cadres sup ? Que nous habiterons tous à Neuilly ? Que toutes nos femmes ressembleront à Kate Moss ? Que nous serons tous assujettis à l’ISF ? Que nous roulerons tous en Porsche ? Que nous aurons tous le Goncourt ?

En conclusion, oui, je souscris entièrement à ce que DSK cite de Bourdieu : « Si vous ne réussissez pas alors que la société vous a donné les mêmes droits, les mêmes opportunités, c’est de votre responsabilité individuelle. »

Et c’est là encore une de nos grandes différences de valeurs…

 
web statistics