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10 juillet 2006

Seule la victoire est belle

Les lève-tard, les chomeurs, les professions libérales, les producteurs TV, les consultants en Marketing, bref, tous ceux qui ne sont pas stressés par une présence impérative au bureau à 8h30 ont pu apprécier ce matin dans le 7-9 de France Inter un festival de franchouillardises comme on n'en fait plus.

Cela m'a tellement choqué que je tenais à partager mon indignation avec vous dans ces colonnes.

Etaient présents dans le studio Pierre Weill, Jacques Vendroux (chef du service des sports) et comme invité, Michel Hidalgo, répondant aux questions des deux "journalistes" et aux interventions des auditeurs. Visiblement Pierre Weill, encore traumatisé par la défaite française en finale de la Coupe du Monde n'avait ce matin que deux obsessions : faire toute la lumière sur l'affaire d'état qu'est devenue l'expulsion de Zidane et s'assurer que les Bleus descendraient bien les Champs Elysées aujourd'hui comme prévu.

Mais qu'a bien pu dire Materazzi à Zidane pour que celui-ci perde son sang-froid ? C'est manifestement la question qui taraude toutes les rédactions de France et celle de France Inter ne fait pas exception à la règle. Au point de poser la question à tous les interlocuteurs et intervenants de l'émission. Bien évidemment personne n'en sait rien. Mais surtout, je pense que cela n'a aucune importance ! Bien évidemment qu'il y a eu une altercation entre les joueurs, des insultes probablement échangées mais quelle que soit la gravité des propos, cela n'excuse rien enfin ! D'ailleurs c'est incroyable le nombre de phrases prononcées ce matin commençant par "cela n'excuse rien mais...", "ce geste est impardonnable mais..." et il est important ce "mais" là. Car il relativise l'inacceptable uniquement parce que celui-ci a été commis par un joueur d'exception. "Il est humain, c'est normal de craquer", "c'est rassurant de voir que Zidane est aussi un homme", "on a tous nos forces et nos faiblesses" conclut, fin psychologue, Pierre Weil.

Grotesque.

Puis vient la salve anti-italienne, expliquant, Vendroux en tête, que ces italiens n'auraient même pas dû jouer la Coupe du Monde avec les procès en cours chez eux et 6 joueurs de la Juventus de Turin dans leurs rangs (pour mémoire, 3 joueurs français jouent aussi à la Juve). Et un auditeur de surenchérir "les italiens, ils rigoleront moins dans deux jours quand on annoncera le verdict du procès du Calcio !" Et pour poursuivre, le discours de Vendroux sur l'utilisation de la vidéo en arbitrage, celle-là même qui a servi à exclure Zidane. La thèse est la suivante : la sanction contre Zidane est illégale puisque aucun des arbitres ne l'a vu commettre d'agression sur le terrain et que normalement la video est interdite par la FIFA !

Pitoyable.

Enfin, la polémique soulevé par Domenech sur le défilé prévu sur les Champs Elysées dont il a souhaité publiquement l'annulation pour cause de défaite. Michel Hidalgo est de son avis, on ne parade pas en étant vaincus, fusse aux tirs aux buts. "Mais ils ont bien joué quand même !", plaide Pierre Weill, le ton larmoyant, "ils doivent bien cela aux supporters qui les ont soutenu et ont acheté des maillots de l'équipe de France", "les gens veulent les soutenir, les encourager, les consoler", tous les arguments, toutes les suppliques y passent. Mais rien n'y fait Hidalgo campe sur sa position : "seule la victoire est belle, c'est ça le sport, il n'y a de place que pour les vainqueurs". Et Pierre Weill encore plus gnan-gnan qu'à l'accoutumé de répondre "ben alors, c'est dur le sport !" Et oui cher Pierre, c'est dur le sport, c'est dur la compétition. C'est dur la vie.

Moi qui n'était pas très chaud pour Domenech avant cette coupe du monde, je dois reconnaître qu'il s'est attiré hier toute mon estime pour sa déclaration d'après-match : "c'est très français ça, d'être content d'avoir perdu, d'être content de ne pas être vainqueur. Moi, je ne peux pas être content. Forcément. Il y avait de la place (pour gagner). Je ne peux pas être heureux d'être simplement le finaliste". C'est ça l'esprit du sport, l'esprit de compétition et cet esprit là, ce sens de la gagne, cette volonté farouche, les italiens l'avaient hier sur le terrain.

Et bien que n'ayant pas démérité, l'équipe de France a perdu. Sachons le reconnaître et l'accepter sereinement.

Ces discours entendus ce matin sur une radio de Service Public ne reflètent pas la France que j'aime, mais plutôt une France que l'on voit trop souvent, celle qui finalement se complait dans la défaite, fait des vaincus ses héros (le syndrôme Poulidor) et cherche toujours ailleurs la cause de ses insuffisances et de ses échecs.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

"L'esprit de compétition , le sens de la gagne, la volonté farouche", ce n'était pas les Italiens qu'ils l'avaient hier soir mais bien les Français. Ce sont eux qui se sont battus tout le match, ce sont eux qui dominaient, qui avaient la balle... les italiens n'ont pas été là pendant ce match. Je ne conteste pas leur victoire, mais les vainqueurs ne sont pas toujours ceux qui ont le plus la gagne.

3:55 PM

 

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