Fissures
Paru aujourd'hui sous la plume d'Isabelle Mandraud dans le Monde, un petit article, compte-rendu du déplacement effectué par Ségolène Royal à Soissons, qui outre sa réaction embarrassée face au retour dans la course de Lionel Jospin (sur lequel nous reviendrons), témoigne fort justement de son réel caractère que l'on commence à voir paraître sous l'humble vernis de "tout le monde il est gentil, tout le monde il est intelligent, je ne suis là que pour relayer vos idées"...
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A Soissons, Ségolène Royal se dit "unitaire pour tous"
n détour par une usine occupée, Saint-Germain Emballages, dans la périphérie de Soissons, mardi 27 juin, un échange avec les représentants des salariés sur les patrons "qui se comportent mal", et Ségolène Royal était prête. Prête à répondre bon gré mal gré à l'intervention, publiée le jour même dans Le Monde, de Lionel Jospin. "Tout le monde est bienvenu dans le débat... C'est une voix autorisée bienvenue en soutien au projet...", commence la présidente de la région Poitou-Charentes, candidate à l'investiture du PS pour 2007. "Il fait même référence au projet socialiste. Son article est très bien, c'est une contribution utile", poursuit-elle. Service minimum pour un exercice obligé.
Mais c'est aussi l'occasion pour Mme Royal de se donner le beau rôle. "Compte tenu de ma responsabilité, de la place que j'occupe dans le débat politique, je dois être unitaire pour tous. Moi, je n'oppose pas les socialistes les uns aux autres."
Elle est plus à l'aise pour donner la réplique à Laurent Fabius qui avait, quelques jours plus tôt, ouvert le bal de la contre-offensive en critiquant ses prises de position. "J'ai cette responsabilité de tirer le débat des socialistes vers le haut. Je m'interdis et j'interdis à ceux qui me sont proches de tomber dans le dénigrement. Jamais je ne ferai le procès à un socialiste de ne pas être à gauche car je pense que c'est ravageur", souligne la candidate, avant de couper court. Arrivée avec quelques minutes de retard, une journaliste s'entend répondre durement : "Vous n'aviez qu'à être là. Je ne vais pas recommencer."
C'est pourtant de l'unité des socialistes dont il est question aujourd'hui. Malgré les sondages qui la placent toujours loin devant les autres, Mme Royal ne parvient pas à fédérer la famille socialiste. Mardi, son déplacement dans l'Aisne, se devait d'être un gage supplémentaire donné sur son attachement au PS. A son arrivée, elle s'est d'abord rendue dans le petit village de Chaudun déposer une gerbe sur la tombe de Louis Jaurès, le fils de Jean Jaurès mort en 1918 et dont la stèle avait été inaugurée en 1936 par Léon Blum.
"J'aime beaucoup les commémorations car, sans leur histoire, les socialistes ne seraient pas ce qu'ils sont, a-t-elle expliqué, le soir, lors d'une réunion publique avec 400 militants à Soissons. Ça laisse derrière nous les petites polémiques, les attaques d'où qu'elles viennent." Un coup d'oeil sur l'écran dressé dans la salle pour le match de football France-Espagne, pour la photo, et puis elle est repartie.
Isabelle Mandraud
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Ce qui m'interpelle avant tout ce sont les deux phrases : "Compte tenu de ma responsabilité, de la place que j'occupe dans le débat politique..." et "J'ai cette responsabilité de tirer le débat des socialistes vers le haut. Je m'interdis et j'interdis à ceux qui me sont proches de tomber dans le dénigrement. Jamais je ne ferai le procès à un socialiste de ne pas être à gauche car je pense que c'est ravageur".
Elles soulignent tout à fait à mon sens le caractère profond de Mme Royal, celui qu'elle cherche à masquer mais que l'on devine au détour d'une phrase, d'une attitude, du témoignage de ceux qui l'ont approchée, à savoir une très haute opinion d'elle même (c'est criant de vérité dans cet article) masquée par une fausse modestie et une hypocrisie qui se révèle aussi dans le "je ne dénigre pas, je suis au dessus de tout ça, mais quand même..."
En effet, alors que soit-disant elle "ne fera jamais le procès d'un socialiste de ne pas être à gauche", n'a-t-elle pas déclaré que son projet à elle serait "socialiste" en écho intentionnel aux déclarations de Lionel Jospin en 2002 ? Il y a des remarques qui ne laissent rien au hasard...
Le vernis tiendra-t-il encore 10 mois ou se craquellera-t-il avant ?
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