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10 juillet 2006

Mais tout est politique

La lecture du texte de Désirsdavenir me laisse pantois !

Comment prétendre limiter l'échange d'idées à l'analyse du petit monde Sarko-Royal (ou Royal-Sarko, pas de jaloux), quand nous venons tous de vivre des jours intenses où on nous a doctement rappelé que l'équipe black-blanc-beur (ou black-black-black selon le philosophe Alain Finkielkraut dans une interview au journal israelien Haaretz) était un symbole vivant de la France actuelle et de la société multi-ethnique à construire. Comment parler de Café du Commerce quand, sur le même sujet, SOS Racisme (une organisation apolitique ?) demande aujourd'hui à la Fédération internationale de football (Fifa) une enquête sur les circonstances qui ont entouré l'expulsion du meneur de jeu français Zinedine Zidane pour un violent coup de tête, lors de la finale du Mondial de football contre l'Italie.
"Selon plusieurs sources très bien informées dans le monde du football, il semblerait que le joueur italien Marco Materazzi ait traité Zinedine Zidane de 'sale terroriste'", écrit l'organisation dans un communiqué.
"Si cette hypothèse se confirmait, le joueur italien serait donc l'auteur d'un propos raciste", ajoute-t-elle. "Alors que l'ensemble du Mondial était placé sous le signe de la lutte contre le racisme (...), nous demandons à la Fifa d'être à la hauteur de ses déclarations."

Que le débat politique prenne aujourd'hui le sport en otage, nous sommes plusieurs à le regretter très sincèrement. Mais puisqu'il nous est imposé, n'éludons pas le sujet. Merci à Hussard Bleu pour sa critique passionnée et pertinente (depuis la parution de son article, nos édiles républicains ont en effet jugé plus digne de supprimer la marche triomphale des vaincus sur l'avenue des Champs Elysées) d'attitudes si tristes à tous égards.

Seule la victoire est belle

Les lève-tard, les chomeurs, les professions libérales, les producteurs TV, les consultants en Marketing, bref, tous ceux qui ne sont pas stressés par une présence impérative au bureau à 8h30 ont pu apprécier ce matin dans le 7-9 de France Inter un festival de franchouillardises comme on n'en fait plus.

Cela m'a tellement choqué que je tenais à partager mon indignation avec vous dans ces colonnes.

Etaient présents dans le studio Pierre Weill, Jacques Vendroux (chef du service des sports) et comme invité, Michel Hidalgo, répondant aux questions des deux "journalistes" et aux interventions des auditeurs. Visiblement Pierre Weill, encore traumatisé par la défaite française en finale de la Coupe du Monde n'avait ce matin que deux obsessions : faire toute la lumière sur l'affaire d'état qu'est devenue l'expulsion de Zidane et s'assurer que les Bleus descendraient bien les Champs Elysées aujourd'hui comme prévu.

Mais qu'a bien pu dire Materazzi à Zidane pour que celui-ci perde son sang-froid ? C'est manifestement la question qui taraude toutes les rédactions de France et celle de France Inter ne fait pas exception à la règle. Au point de poser la question à tous les interlocuteurs et intervenants de l'émission. Bien évidemment personne n'en sait rien. Mais surtout, je pense que cela n'a aucune importance ! Bien évidemment qu'il y a eu une altercation entre les joueurs, des insultes probablement échangées mais quelle que soit la gravité des propos, cela n'excuse rien enfin ! D'ailleurs c'est incroyable le nombre de phrases prononcées ce matin commençant par "cela n'excuse rien mais...", "ce geste est impardonnable mais..." et il est important ce "mais" là. Car il relativise l'inacceptable uniquement parce que celui-ci a été commis par un joueur d'exception. "Il est humain, c'est normal de craquer", "c'est rassurant de voir que Zidane est aussi un homme", "on a tous nos forces et nos faiblesses" conclut, fin psychologue, Pierre Weil.

Grotesque.

Puis vient la salve anti-italienne, expliquant, Vendroux en tête, que ces italiens n'auraient même pas dû jouer la Coupe du Monde avec les procès en cours chez eux et 6 joueurs de la Juventus de Turin dans leurs rangs (pour mémoire, 3 joueurs français jouent aussi à la Juve). Et un auditeur de surenchérir "les italiens, ils rigoleront moins dans deux jours quand on annoncera le verdict du procès du Calcio !" Et pour poursuivre, le discours de Vendroux sur l'utilisation de la vidéo en arbitrage, celle-là même qui a servi à exclure Zidane. La thèse est la suivante : la sanction contre Zidane est illégale puisque aucun des arbitres ne l'a vu commettre d'agression sur le terrain et que normalement la video est interdite par la FIFA !

Pitoyable.

Enfin, la polémique soulevé par Domenech sur le défilé prévu sur les Champs Elysées dont il a souhaité publiquement l'annulation pour cause de défaite. Michel Hidalgo est de son avis, on ne parade pas en étant vaincus, fusse aux tirs aux buts. "Mais ils ont bien joué quand même !", plaide Pierre Weill, le ton larmoyant, "ils doivent bien cela aux supporters qui les ont soutenu et ont acheté des maillots de l'équipe de France", "les gens veulent les soutenir, les encourager, les consoler", tous les arguments, toutes les suppliques y passent. Mais rien n'y fait Hidalgo campe sur sa position : "seule la victoire est belle, c'est ça le sport, il n'y a de place que pour les vainqueurs". Et Pierre Weill encore plus gnan-gnan qu'à l'accoutumé de répondre "ben alors, c'est dur le sport !" Et oui cher Pierre, c'est dur le sport, c'est dur la compétition. C'est dur la vie.

Moi qui n'était pas très chaud pour Domenech avant cette coupe du monde, je dois reconnaître qu'il s'est attiré hier toute mon estime pour sa déclaration d'après-match : "c'est très français ça, d'être content d'avoir perdu, d'être content de ne pas être vainqueur. Moi, je ne peux pas être content. Forcément. Il y avait de la place (pour gagner). Je ne peux pas être heureux d'être simplement le finaliste". C'est ça l'esprit du sport, l'esprit de compétition et cet esprit là, ce sens de la gagne, cette volonté farouche, les italiens l'avaient hier sur le terrain.

Et bien que n'ayant pas démérité, l'équipe de France a perdu. Sachons le reconnaître et l'accepter sereinement.

Ces discours entendus ce matin sur une radio de Service Public ne reflètent pas la France que j'aime, mais plutôt une France que l'on voit trop souvent, celle qui finalement se complait dans la défaite, fait des vaincus ses héros (le syndrôme Poulidor) et cherche toujours ailleurs la cause de ses insuffisances et de ses échecs.

07 juillet 2006

Du pareil au même

Hier ma boulangère, aujourd'hui mon médecin, tous semblent pris d'une soudaine et totale passion pour le foot-ball. Cela tient bien sûr à la Coupe du Monde et aux réussites de l'équipe qui représente la France.

Dans le silence étourdissant des politiques (qui tous tenteront de s'approprier la victoire dimanche prochain si l'équipe des bleus est victorieuse; pour la gauche "victoire de la société black-blanc-beur", pour la droite, "victoire de la volonté"), je ne résiste pas à vous inviter à lire un petit billet publié par Eric Zemmour dans Le Figaro du 6 juillet dernier.

Le voici :

Du pareil au même. C'était le slogan le plus ravageur de la dernière élection présidentielle française. Il voulait dire que Chirac et Jospin, la droite et la gauche, étaient similaires, interchangeables. Au lendemain des demi-finales de cette Coupe du monde, un sentiment identique nous étreint. Mêmes tactiques défensives, mêmes «bloc-équipes» de neuf joueurs, même attaquant en pointe. Mêmes concepts stratégiques, mêmes joueurs à la technique limitée mais au physique avantageux. Au début du tournoi, la fraîcheur du Ghana, la maîtrise de l'Argentine, l'enthousiasme de l'Allemagne nous ont donné l'illusion de la diversité. Depuis les huitièmes de finale, l'illusion s'est dissipée. Les matchs s'étirent en longueur entre deux boxeurs qui accumulent les coups avant que l'un des deux ne s'effondre.

Jadis, la Coupe du monde était l'occasion d'innovations tactiques. En 1970, le Brésil imposait le 4-3-3. En 1974, la Hollande révolutionnait par son «football total». En 1986, les Français de Platini mettaient au point un milieu de terrain à quatre joueurs voué au raffinement offensif.

Pendant longtemps, chaque équipe nationale incarnait son génie national, au même titre que la musique ou la littérature : le football-samba des Brésiliens et le football-champagne des Français, la rigueur germanique et le catenaccio italien, ou encore le sommaire kick and run anglais. Depuis l'arrêt Bosman, il y a dix ans, les meilleurs joueurs du monde se sont retrouvés dans les mêmes clubs. Les entraîneurs aussi. Ils se sont observés (à la vidéo), étudiés, imités, copiés. Pillés. Ressemblé. Les individualités sont broyées par ces systèmes rigides. Zidane est un dinosaure d'un autre temps ; Ronaldinho, le meilleur joueur du monde actuel, a été annihilé. Aucun jeune joueur n'a vraiment éclaté.

La mondialisation du foot, c'est aussi cette uniformisation des systèmes et des joueurs qui crée l'ennui. Pour garder sa passion intacte, le supporteur doit devenir schizophrène et séparer son amour du beau jeu de sa passion pour son équipe et le goût de la victoire. Jadis, seuls les Italiens y parvenaient aisément par une espèce de supériorité mentale qui m'a toujours impressionné. Nous sommes tous des supporteurs italiens.

06 juillet 2006

Projet du PS : Quel enthousiasme !

Selon un sondage BVA publié dans l’Express du jeudi 29 juin 2006, le projet du Parti socialiste ne semble pas avoir convaincu les Français.

Ainsi, 65% d’entre eux déclarent ne pas avoir envie de voter pour le candidat du PS à la prochaine élection présidentielle. 60% jugent le projet socialiste pas réaliste, 65% pas ambitieux et encore moins imaginatif.

Un sentiment que n’est pas loin de partager les sympathisants du PS eux-mêmes puisqu’une faible majorité d’entre eux (55%) se déclare prêt à voter pour le candidat PS en 2007. Ils sont aussi respectivement 53% et 59% à trouver le projet socialiste ni ambitieux, ni imaginatif.

A cet éclairage de l’opinion ont succédé les déclarations fracassantes de Bernard Kouchner, pour qui, le projet du PS comporte plusieurs « aberrations », comme l'abrogation de la loi Fillon sur les retraites, et le retour à la retraite à 60 ans. Il pointe également des « contresens » comme « la renationalisation d'EDF » ou encore « la suppression de la franchise de 1 euro sur les consultations médicales, symbole même de la responsabilisation des citoyens ». Selon lui, « la gauche française souffre d'une forme de frilosité qui tourne au conservatisme », reprochant ainsi au PS de n’être « qu’un vieux parti habitué à ses combats et à ses slogans ».

Politique Molle

Quiz du jour.

Qui a dit : "Je veux créer une nouvelle synthèse politique qui permet de concilier l'efficacité économique et la justice sociale, l'autorité et la liberté, l'attachement à la France et l'ouverture sur l'Europe." ?

Ségolène Royal ? Et non, c'est notre ami Nicolas Sarkozy dans La Nouvelle République du Centre Ouest du 6 Juillet !

Après les déclarations de Ségolène Royal sur la sécurité et les 35 heures, on va finir par croire que la campagne 2007 c'est "donne-moi tes idées, je te donnerai les miennes"... Ceci dit, ce n'est pas bête, l'état français pourrait alors faire des économies de frais de campagne, pas de débats, pas de spots TV, pas d'affiches, un seul projet pour tous les candidats, la synthèse de la synthèse du politiquement correct qui ratisse XXL. Et on jouerait l'élection au nombre de passages dans Gala...

A ce propos, des nouvelles du mariage de Ségolène et François sous les tropiques ?

 
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