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28 septembre 2006

La Honte et l'Honneur de la France

C'est un véritable scandale qui a pris fin cette semaine par la décision du gouvernement d'aligner les pensions des anciens combattants des ex-colonies françaises sur celles des "nationaux" et de mettre ainsi un terme à une injustice flagrante frappant plus de 80 000 vétérans de la seconde guerre mondiale.

On ne peut qu'approuver le geste de Jacques Chirac, réclamé depuis presque 50 ans, qui rend hommage au sang versé pour la France sans distinction de couleur de peau ou d'origines.

On ne peut néanmoins aussi que regretter, pour ne pas dire être dégoûté, qu'il ait fallu attendre tout ce temps pour réparer une injustice flagrante (dans le meilleur des cas, un ancien combattant "indigène" touchait à peine 30% de la pension d'un ancien combattant français "de souche").

On remarquera au passage que ce traitement indigne a persisté sous tous les gouverments, y compris ceux de Gauche, pourtant si prompts à combattre l'injustice. Tout du moins en paroles...

Faut-il également s'étonner qu'il faille, dans notre société de médias tout-puissants, la sortie d'un film ("Indigènes") et l'engagement de "people" (Jamel et autres) pour faire enfin bouger les politiques ?

Tout cela donne finalement un goût bien amer à cette action réparatrice...

Jospin: Trois petits tours et puis s'en va

Il l'a annoncé hier sur RTL, Lionel Jospin ne sera pas candidat à la candidature socialiste.

Drôle de personnage ce Jospin qui fait de l'abandon une habitude, des hésitations un mode d'action. C'est d'ailleurs sans aucun doute cette attitude qui lui a le plus nui dans toute cette affaire, un abandon des militants en 2002 (plus ou moins bien justifié par l'intéressé à La Rochelle), un retour sur la scène politique peu compréhensible alors que personne ne le réclamait, un timing beaucoup trop tardif dans son engagement, une posture "mystérieuse" (j'y vais, j'y vais pas) qui ne pouvait pas, par définition, susciter l'enthousiasme.

Et le moins que l'on puisse dire c'est que l'enthousiasme n'y était pas, ni parmi les français, ni parmi les militants socialistes et leurs dirigeants.

Il ne fait aucun doute que la situation aurait été toute autre s'il s'était déclaré plus tôt, avait fait preuve de volontarisme et de pugnacité, explicité clairement son combat et sa ferme volonté d'aller jusqu'au bout, bref, s'il n'avait pas été Jospin...

25 septembre 2006

Convictions à géométrie variable

On pouvait craindre que l'approche des élections présidentielles ne contraigne le gouvernement à l'immobilisme. Visiblement il n'en est rien, Dominique de Villepin n'espérant trouver son salut (et un avenir politique) que dans l'activisme et la bonne tenue de son bilan économique et social.

Mais les effets collatéraux de la présidentielle de 2007 se manifestent néanmoins dans le débat public, si l'on en juge par l'attitude et les prises de position des uns et des autres, la fusion GDF-Suez, en étant un exemple révélateur.

A l'origine, une large frange des députés UMP n'étaient pas favorables au projet, pour des raisons morales (on ne trahit pas ses promesses), économiques (il s'agit d'un non-sens économique) ou de méthode. Mais la discipline de groupe et les logiques de parti ont fait leur oeuvre pendant l'été.

A ce titre, les propos de Pierre Lellouche, parus dans Libération, sont édifiants :

«Au lieu de compter l'opposition, on va compter la majorité, grince Pierre Lellouche, député parisien proche de Nicolas Sarkozy. Du coup, l'UMP va voter massivement oui, même ceux qui n'en avaient pas envie.» Pierre Lellouche paye de sa personne : «Moi qui suis contre le texte, je vais voter oui pour faire plaisir à Nicolas qui veut la solidarité de la majorité, ajoute-t-il. La priorité, c'est la présidentielle de 2007, on s'occupera de GDF plus tard. Il sera toujours temps pour le futur président de reprendre le chantier

On ne peut que sourire en constatant qu'en parallèle, Thierry Breton n'a de cesse de déclarer à qui veut l'entendre que c'est à force de pédagogie et par la qualité de son projet industriel qu'il a fait pencher la balance et décidé les récalcitrants.

Où l'on voit que la politique est affaire de convictions et que le Bien Public est la principale motivation de nos représentants...

21 septembre 2006

Le réchauffement climatique s'invitera-t-il dans la campagne ?


Je voudrais poursuivre le débat ouvert par Desirdavenir avec l'Education sur ce que devraient être de notre point de vue certains des grands enjeux de la campagne.

Malgré leur incapacité chronique à se structurer, à dépasser les rivalités internes, à se libérer de leur coloration d'extrème gauche, les Verts ont fait passer dans le débat public une préoccupation qui transcende les partis : l'environnement. Mais au-delà d'un premier discours simpliste "il faut vivre mieux, économiser les ressources et respecter la nature", l'heure est désormais à la prise de conscience que c'est de questions vitales pour la survie de l'humanité qu'il s'agit. Et que l'urgence est là.

Toutes les études montrent que le réchauffement climatique est une réalité très préoccupante et qu'il ne reste plus qu'une grosse dizaine d'années pour prendre, collectivement à l'échelle internationale, les décisions qui s'imposent avant que certains dommages se révèlent irréversibles (l'état de Californie vient par exemple de passer une loi pour réduire l’émission de CO2).

Très actif dans ce domaine, Al Gore (ex-Vice Président et rival malheureux de G.W. Bush), parcourt le monde en animant des conférences sur ce thème. Je vous propose de suivre celle qu'il a donnée en Californie en février 2006. Elle est en anglais, j'en suis désolé, mais relativement facile à suivre car illustrée de diapos. C'est très impressionnant.

http://www.ted.com/tedtalks/tedtalksplayer.cfm?key=al_gore

Un film sur le sujet devrait également sortir prochainement ("Une vérité qui dérange"). Pour les non-anglophones, voici un lien vers une interview d'Al Gore en français sur le réchauffement climatique : http://www.filmdeculte.com/entretien/al-gore.php.

Vous ne pourrez pas dire qu'on vous a pas prévenu !

On attend maintenant les prises de position des candidats à la présidentielle sur le sujet en espérant cette fois un peu de concret (des propositions de mesures plutôt que du "c'est important, il faut s'en préoccuper"...)

18 septembre 2006

Bayrou se fait sermonner chez TF1

Depuis son coup de gueule au 20h de Claire Chazal qui a pris tout le monde de court, François Bayrou fait de la manipulation des médias un de ses chevaux de bataille de l'élection présidentielle. Sa thèse est simple, l'ensemble des médias (dont la plupart sont détenus par des puissances financières et industrielles - voir le Post précédent sur les manipulations de La Tribune) orienteraient le débat/l'élection vers un duel Sarko-Ségo sans laisser d'espace disponible pour les autres candidats.

Ce que l'on ne sait pas, c'est la discussion animée (pour ne pas parler de "recadrage") qui a suivi cette intervention du candidat de l'UDF sur le plateau du 20h et qui s'est déroulée dans les bureaux de la Direction de la première chaîne française.

Bayrou nous la relate dans une interview avec John-Paul Lepers. Je vous laisse savourer les détails de la vision de la démocratie française, vus par Lelay et Mougeotte :

http://johnpaullepers.blogs.com/john_paul_lepers_leblog/

Le moment que je préfère ? Celui où Bayrou relate les propos de Lelay déclarant qu'il n'est pas français mais breton et que c'est pour cela qu'il ne vote jamais...

Ségolène perd son sang-froid

On a beaucoup parlé ces jours derniers du "dérapage" de Ségolène Royal à la Fête de la Rose de Quimperlé où elle a violemment pris à parti une militante du MJS, Nolwenn (non, pas celle de la Star Ac') lors de la séance de questions-réponses suivant son discours.
A l'écouter, on comprend mieux pourquoi Ségolène avait été la seule candidate du PS à refuser le débat avec le MJS à La Rochelle : avant même que la pauvre fille ait pu finir sa phrase, elle lui tombe dessus à bras raccourcis masquant par une agressivité totalement inutile sa propre gène et ce qui semble être une crainte irraisonnée du débat avec la jeunesse militante du parti.
Nolwenn, engagée au MJS depuis quelques mois à peine suite aux manifestations anti-CPE, a au moins pu faire l'expérience du débat au PS (on appelle encore cela un débat ?) en faisant très abruptement la connaissance de la mère Fouettard socialiste.
Bienvenue en politique Nolwenn !


Pour ceux qui n'ont pas entendu cet échange, il se trouve sur le site d'RTL.
http://www.rtl.fr/info/article.asp?dicid=472831

Cliquez sur le lien à droite, qui s'appelle : Dialogue entre Nolwen, une jeune militante du MJS, et Ségolène Royal.- E.Julien

14 septembre 2006

Quel toupet !

Quel provocateur ce Fillon !

Oser déclarer que si la droite reste au pouvoir en 2007, elle s'attachera à remettre à plat les régimes spéciaux de retraite, c'est quand même un peu fort ! Cela n'a pas échappé à Jack Lang d'ailleurs ("Est-ce qu'il a perdu la tête ? Déjà, il avait mis à mal notre système de retraite. Son texte avait suscité des bagarres, des controverses. Veut-il à nouveau plonger le pays dans l'angoisse ?"), ni à Marie-Georges Buffet ou Jean-Marc Ayrault.

Il ne va pas nous refaire le coup de 95 quand même !

En vertu de quels principes faudrait-il que tous les français soient traités de la même manière en matière de retraite ? Pourquoi donc les régimes généraux devraient-ils cesser de financer le déficit des régimes spéciaux ? Pourquoi les salariés du public (RATP, SNCF, EDF, GDF, LA Poste...) devraient-ils cotiser le même nombre d'annuités que ceux du privé ? C'est quoi ce scandale ???

Hein ? Quoi ? Qu'est-ce que vous dites ? Que c'est une question d' "égalité" ? d' "équité" ?

Ah, mais ça ne va pas du tout ça, c'est des valeurs de gauche ça !

08 septembre 2006

Tribute to Tony


A l'heure où Tony Blair annonce son retrait prochain (et un peu précipité) de la vie politique et au moment où les candidats à la candidature français s'agitent de plus belle (les commentaires des uns et des autres sur "Teflon Tony" ne devraient pas tarder), il me semble opportun - personne n'est parfait - de rappeler dans ces colonnes qu'il existe dans d'autres pays européens des dirigeants socialistes modernes qui vivent dans le monde réel et font réellement progresser leur pays.

Voici tout d'abord un lien vers un article de Libé intitulé "Un libéral qui a revalorisé l'Etat" et qui montre que le Blairisme n'est pas que le Libéralisme, n'en déplaise aux archéo-socialos de la rue de Solferino et à Sarko (qui s'en réclame occasionnellement en ne voulant voir qu'une seule facette de son action) mais qu'il a aussi conduit une véritable politique sociale progressiste :

http://www.liberation.fr/actualite/monde/203216.FR.php

Par ailleurs, je ne résiste pas à la tentation de vous citer les meilleurs passages d'un chat du mois de mai (juste avant la 3ème réélection de Blair) animé par Jean-Pierre Langellier, correspondant du "Monde" à Londres, et qui tord le cou à bon nombre de préjugés et idées reçues sur le Royaume-Uni (la pauvreté, la précarité, les systèmes de santé, etc.)

Les questions, en gras, sont posées par des internautes.

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Burguburu : Le sentiment dominant, vu d'ici, est que Tony Blair en dépit de ses erreurs et de ses choix irakiens, est absolument imbattable ? Comment l'expliquez-vous ?

Jean-Pierre Langellier : D'abord, aucun dirigeant politique n'est imbattable. Tony Blair, d'ailleurs, ces derniers jours, fait comme s'il pouvait être battu pour rameuter, d'une part, les électeurs nombreux qui n'ont pas l'intention de voter et, d'autre part, les électeurs travaillistes qui seraient tentés de voter contre lui, ce qui risquerait de faire progresser les conservateurs.

Pourquoi a-t-il les meilleures chances d'être réélu ? Pour plusieurs raisons. D'abord, la situation de l'économie. La Grande-Bretagne est actuellement le grand pays de l'Europe de l'Ouest qui a l'économie la plus prospère, la plus dynamique, un taux de croissance beaucoup plus élevé que la France et l'Allemagne, par exemple, un quasi plein emploi depuis plusieurs années, des taux d'intérêt très bas. Les gens, au fond, trouvent que le Parti travailliste a amélioré leur vie quotidienne, et ils n'ont pas de raison fondamentale de renier le bilan de Tony Blair.
La deuxième raison, c'est que les conservateurs n'ont pour l'instant pas fait la preuve qu'ils avaient un programme crédible ou n'ont pas fait entendre leur différence de manière crédible. Troisième raison : elle tient, je crois, à la qualité, au talent politique de Tony Blair et aussi de son ministre des finances, Gordon Brown. Tony Blair reste un homme politique intelligent, persuasif, charmeur, qui donne l'impression d'avoir encore beaucoup de choses à faire au pouvoir. C'est quelqu'un qui aime le débat, aime affronter les publics hostiles, probablement parce qu'il pense pouvoir les convaincre. Et, en face, il y a un leader conservateur, Michael Howard, 63 ans, qui est un "vieux" de la politique et qui n'a pas réussi à se renouveler, qui fut ministre de Margaret Thatcher et de John Major, qui fut très mal aimé à l'époque, et qui n'est pas parvenu à faire oublier son passé et à améliorer suffisamment son image.

François : Le taux de chômage en Angleterre (4,8 %) est le pivot de l'élection. Pour commencer, pouvez-vous préciser si ce taux est obtenu par une méthode analogue à celle pratiquée en France, par exemple. Dans un précédent article, vous avez par ailleurs indiqué un nombre impressionnant de personnes indemnisées (2 millions, me semble-t-il) pour incapacité de travail, laissant penser qu'il s'agissait au fond de personnes "assistées". Ces personnes sont-elles comprises dans le taux de 4,8 % ? un article d'un de vos confrères (Libération, je crois) donnait des chiffres voisins pour la Suède. Que penser de ces diverses comparaisons ?

Jean-Pierre Langellier : Sur les méthodes de calcul, la Grande-Bretagne a une méthode différente de celle du Bureau international du travail, la plus commune. Mais, au-delà de ces différences de méthode, quand on utilise la même méthode pour la Grande-Bretagne et les autres pays, on retombe sur la même réalité, que l'on peut sentir en se promenant dans les rues de Londres ou d'ailleurs, qui est que la Grande-Bretagne flirte avec le plein emploi structurel. Il y a toujours un chômage conjoncturel, qui varie, mais l'essentiel, c'est que, dans les rues de Londres et des grandes villes, on offre des emplois presque à tous les coins de rue.
Deuxième point sur les chiffres : il y a en effet près de 2 millions de gens en Grande-Bretagne qui ne sont pas comptabilisés comme chômeurs, parce qu'ils ne demandent pas un emploi. Ils perçoivent à la place une indemnité de longue maladie ou de handicap. C'est une sorte de trou noir, au fond, dans les statistiques. Le gouvernement combat cet état de fait et a réussi à réduire déjà le nombre de ces gens et à en ramener un certain nombre (plusieurs centaines de milliers) vers le marché du travail. Cela va continuer. Parmi ces gens, il y a évidemment de vrais malades, mais il y a aussi des gens qui n'ont pratiquement pas intérêt, ou qui ne voient pas en tout cas l'intérêt de travailler et qui se contentent de cette petite indemnité, pour des raisons personnelles.
Au-delà de tout cela, il faut voir qu'il y a eu une politique cohérente, volontariste, à long terme, qui a d'ailleurs été commencée sous les conservateurs de Margaret Thatcher et qui s'est poursuivie sous Tony Blair, et qui vise à remettre le travail au centre de la vie, des valeurs. Et cette politique a réussi. Cela veut dire, sans entrer dans le détail, que l'on incite les gens, surtout les jeunes, à trouver un emploi et, pour cela, on manie à la fois le carotte et le bâton.
On s'engage à s'occuper d'un demandeur d'emploi très vite. Le contraste avec la France est frappant. Si je demande un emploi et que je me présente dans ce qu'on appelle un "job centre" (équivalent de l'ANPE), un conseiller s'engage à me recevoir dans les 15 minutes. Et j'ai fait l'expérience. Une fois qu'on a eu un entretien, on est conseillé, suivi pendant des semaines, et on nous propose la formation la meilleure. Et, en général, on trouve un emploi très vite, parce que l'économie se porte bien, mais aussi parce que tous les efforts sont focalisés sur le travail. L'inactivité en Grande-Bretagne est considérée comme suspecte.

Stéphanie : Le bilan de Blair, c'est un chômage faible, mais une précarité grandissante (contrats à durée déterminée, coût de la vie excessif...), non ?

Jean-Pierre Langellier : Totalement faux. Cela fait partie des très nombreuses idées reçues, des très nombreux clichés qui circulent, à gauche surtout, en France. Il y a actuellement infiniment plus de CDD, de travail à temps partiel, et de toutes les formes d'emploi juridiquement discriminatoires en France qu'en Grande-Bretagne. D'ailleurs, le CDD et les stages sont pratiquement inconnus ici. Bien sûr, il y a beaucoup de petits jobs en Grande-Bretagne, comme en France. Tous les petits jobs que l'on ne peut pas délocaliser, si je puis dire. Il y en a des millions dans les grands pays modernes. Mais la différence essentielle, est que l'on a compris ici que la plus grande précarité, ce n'est pas la précarité de l'emploi seulement, c'est la précarité de la vie en général, celle provoquée par le chômage. Etre chômeur est évidemment le plus sûr moyen de se retrouver exclu.
Deuxième chose : quand on a en Grande-Bretagne un petit job, on sait qu'il ne va pas durer, que c'est une étape, que c'est un moyen de remettre le pied à l'étrier. On sait qu'il y a autre chose possible, car l'économie va bien et il y a plein emploi. Alors qu'en France un petit job est perçu comme quelque chose de durable, car il y a un fort chômage et que, derrière, on ne trouvera pas forcément un autre job plus intéressant.

Marie-Claire : A votre avis, quels ont été les points les plus positifs du deuxième mandat de Tony Blair ?

Jean-Pierre Langellier : Je pense que les points les plus positifs du deuxième mandat ont été liés à la modernisation des services publics. La grande entreprise des travaillistes, dès le premier mandat mais surtout au cours du deuxième, et au cours du troisième s'ils sont réélus, est d'investir dans les services publics : l'éducation, la santé, les transports, la loi et l'ordre. Ils sont obsédés par cela depuis qu'ils sont au pouvoir. Ils estiment avoir une sorte de mission politique à accomplir, qui est de réinventer l'Etat-providence en Grande-Bretagne.
Ils ont donc beaucoup investi dans la santé. Pour l'instant, les résultats sont réels mais très inégaux. Par exemple, on attend beaucoup moins longtemps avant d'être opéré à l'hôpital, mais en revanche on a toujours des problèmes avec les dentistes, qui sont insuffisamment nombreux, ou l'hygiène des hôpitaux, qui n'est pas toujours impeccables. Les conservateurs dénonçaient pendant cette campagne les infections qui pouvaient y survenir. Mais, dans d'autres domaines, le service de santé a profité de cet argent. Et il va y avoir à nouveau de très gros investissements dans ce domaine si les travaillistes restent au pouvoir.
Pour l'éducation, le bilan est beaucoup plus positif. Tout le monde reconnaît que les résultats scolaires sont meilleurs depuis quelques années, que la discipline s'est améliorée, que les professeurs ont des classes moins surchargées. En revanche, il y a un domaine où il n'y a, à mon avis, aucun progrès, ce sont les transports, en particulier le chemin de fer.

Burguburu : Peut-on établir une comparaison, non pas en terme de bilan, mais en terme de durée entre la période thatchérienne - et son prolongement avec John Major - et l'exceptionnelle longévité de Tony Blair ? Est-ce à dire que les Anglais n'ont pas la même conception de l'alternance politique ?

Jean-Pierre Langellier : Les Britanniques ont un sens très aigu de l'alternance politique, toute leur histoire le prouve. Mais ils n'ont aucune raison de faire l'alternance pour l'alternance. Ils gardent leur confiance ou la retirent en fonction de ce qui leur semble être leur intérêt collectif. Margaret Thatcher est restée onze ans au pouvoir parce que, à l'époque, le Parti travailliste était faible, divisé, doctrinaire et peu crédible économiquement. Lorsque les conservateurs ont été considérés comme usés par l'électeur, ils ont été remerciés. Et tout le mal de Tony Blair et de Gordon Brown pendant le premier mandat travailliste a été de convaincre les Britanniques que la gauche pouvait être crédible économiquement. Crédible et efficace. C'est ce qu'ils ont réussi à démontrer, et ils espèrent ainsi avoir rompu avec le passé, avoir restauré une image positive de la social-démocratie.

Fab : Qu'en est-il des sentiments de racisme et de xénophobie, liés à l'immigration, au sein de la société britannique ? Ces sentiments cherchent-ils à s'exprimer par les urnes ?

Jean-Pierre Langellier : Le Parti conservateur a enfourché l'immigration et le droit d'asile comme chevaux de bataille contre les travaillistes. Mais il semble que la dureté de ton et aussi la rigueur assez peu réaliste des propositions des conservateurs, notamment l'instauration d'un quota annuel d'immigrants et de demandeurs d'asile, n'ont pas convaincu la majorité des électeurs et a même eu un effet inverse en repoussant certains travaillistes vers leur propre camp.
Cela dit, les trois grands partis sont favorables, à des degrés divers, à un contrôle de l'immigration. La différence est évidemment entre les politiques proposées. Les travaillistes ne croient pas à des quotas, ils veulent adapter l'immigration aux besoins de l'économie.Les libéraux-démocrates veulent une coopération européenne plus étroite.
François : J'ai cru comprendre que le taux de pauvreté était encore élevé (environ 20 %, d'après les statistiques officielles, soit plus qu'en France) malgré le plein emploi statistique. Quand je vois votre enthousiasme (assez partagé, semble-t-il) , est-il exagéré de dire que la principale réussite en Grande-Bretagne réside dans un sentiment général d'espoir et de foi en l'avenir, et que ce sentiment est en lui-même porteur d'amélioration ?
Jean-Pierre Langellier : Je partage votre sentiment qu'en effet il y a un horizon d'espoir pour le plus grand nombre, et que c'est un facteur important. S'agissant de la pauvreté, il y a en effet encore de très fortes inégalités en Grande-Bretagne, comme dans tous les pays,mais depuis deux ou trois ans, ces inégalités se réduisent légèrement.
Il reste aussi une pauvreté des enfants qui est plus importante que dans les autres grands pays européens. Mais, là aussi, le nombre d'enfants pauvres a été sensiblement réduit (plus de un million ces dernières années). La différence tient largement au fait que les Britanniques sont plus exigeants en matière de pauvreté : ils mettent la ligne de pauvreté plus haut. Est considéré comme pauvre un enfant dont la famille a un revenu égal à 60 % du revenu moyen.
Mais je rappelle qu'un autre critère, comme le salaire minimum, qui a été instauré par les travaillistes en 1999, a été en termes réels, en cinq ans, augmenté de 40 %.

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Voilà. La question est maintenant posée: Qui en France, où "Blairiste" est presque une insulte, peut s'enorgueillir de trois réélections aux plus hautes fonctions ?


Photo (c) Le Monde

07 septembre 2006

Pas de Ségolène à la Tribune

Personne ne peut ignorer l'extrème intérêt que Nicolas Sarkozy (comme d'autres) porte au contrôle de sa communication. Mais à la différence d'autres, il dispose d'amitiés solides dans le monde des médias qui lui ont permis successivement :

- d'empêcher la sortie d'une biographie de Cécilia alors qu'elle s'était fait la malle aux US ;
- d'attaquer en justice l'AFP et France Soir qui avaient cité le nom de sa nouvelle (et très temporaire) compagne, journaliste au Figaro ;
- d'obtenir la tête d'Alain Genestar, Directeur de la Rédaction de Paris Match qui avait osé publier une photo de Cécilia et de son (très temporaire) nouvel amant ;
- de faire la promo de son bouquin sur TF1 au 20h de Claire Chazal (à qui il déclare, sans rire, "j'ai laissé pendant un an tant de choses s'écrire, qui ont blessé ma femme, blessé mes enfants...")

Mais une nouvelle étape a été encore franchie cette semaine à l'occasion de la sortie d'un n-ième sondage pré-électoral (désolé Desirdavenir, tu connais mon attirance pour les sondage - et les jambes de Ségolène) dans La Tribune.

Je vous livre le résumé de l'affaire, sous la forme d'une dépèche AFP parue sur Yahoo :

PARIS (AFP) - Le syndicat de journalistes SNJ et la Société des Journalistes de La Tribune protestent contre une "censure" exercée, selon eux, sur les résultats d'un sondage publié lundi dans le quotidien économique qui plaçait Ségolène Royal en tête des candidats à la présidentielle pour les questions économiques et sociales.

Le sondage CSA publié lundi par La Tribune sur les Français et la rentrée économique, comportait une question sur la confiance accordée aux candidats à la présidentielle en matière économique et sociale qui donnait Ségolène Royal en tête à 54 % devant Nicolas Sarkozy (49%) et Lionel Jospin (33%).

Cette question n'a pas été publiée lundi, ce que le SNJ et la SDJ qualifient de "censure".

François-Xavier Pietri, directeur de la rédaction de La Tribune, interrogé par l'AFP, assure qu'il n'y a pas eu censure et que cette question sera publiée mardi, au côté d'un entretien avec François Hollande sur les sujets économiques et d'un article sur l'entrée en campagne de Lionel Jospin. "Si on avait donné la réponse sur Ségolène Royal avec le reste du sondage, les médias se seraient focalisés sur ce point, occultant le fond du sujet", estime M. Pietri.

Selon le SNJ et la SDJ, les pages étaient prêtes dimanche avec cette réponse et M. Pietri a "donné l'ordre" tard dans la soirée "d'enlever toutes les informations (infographie comprise) concernant cette question".

Pour le SNJ, selon son communiqué, cet acte a "gravement compromis la crédibilité et par voie de conséquence l'avenir de (notre) quotidien".

Dans un communiqué interne distinct, le bureau de la Société des Journalistes dénonce une "censure tardive et incompréhensible" et s'interroge sur le "crédit de La Tribune aujourd’hui, alors que l’intégralité du sondage est publié sur le site de l’institut CSA".

Pour la SDJ, "un tel cas de censure, à l’ouverture de la campagne présidentielle, jette le doute sur la neutralité de la Tribune et inquiète gravement la rédaction".

Arnaud, Martin, Bernard (Lagardère, Bouygues, Arnault), Nicolas, c'est beau l'amitié...

04 septembre 2006

Rentrée des classes


Sarko sur TF1 dimanche, Ségolène sur France Inter lundi, clôture de toutes les universités d'été (quel nom ridicule !) du PS à l'UMP en passant par les Verts, l'UDF, le FN, le MEDEF et même "Rénover Maintenant", la rentrée politique est bel et bien engagée et je reprends moi aussi mes quartiers d'automne, le coeur lourd, le pas un peu pesant mais l'ambition intacte de témoigner sur ce Blog des petits et grands moments de la vie politique qui vont animer cette campagne présidentielle 2007.

Je voudrais cependant commencer par partager avec vous quelques souvenirs de vacances qui auront marqué mon été, à savoir :

- l'excellente critique du pavé estival de Nicolas Sarkozy ("Témoignage") par Philippe Besson dans Marianne, livre dont il souligne sans peine la terrible vacuité et le narcissisme omniprésent. Je ne résiste d'ailleurs pas à vous citer la conclusion de son article : "Nicolas conclut qu'il croit au "destin" de la France : "Je lui imagine un avenir à la hauteur de son histoire." Il ne faudrait pas que Sarkozy ait, lui, une histoire à l'avenir de sa hauteur"... C'est un peu facile mais ça m'a bien fait rire !

- le vide sidéral des déclarations de Ségolène Royal sur la Corse ("Je ne suis pas là pour parler de ce qui ne va pas") et la crise du Proche-Orient (que même Libération n'a pu qualifier que de "parler-pauvre").

- un inoubliable article sur Nicolas et Cécilia dans Gala (c'est bien une lecture de vacances ça non ?) intitulé "L'été de la réconciliation" où l'on apprend médusé que ce qui manquait le plus à Cécilia lors de son exil momentanné à New-York, c'était les potes de son mari, Jean-Marie Bigard, Didier Barbelivien, Jean Reno et Christian Clavier en tête. Dis-moi qui tu fréquentes...

- la fraude électorale à grande échelle et la manipulation des urnes lors des élections de renouvellement de la Direction d'Attac (Jacques Nikonoff a démissionné depuis) qui démontre que l'altermondialisme ne lave malheureusement pas plus blanc que les autres lessiveuses politiques (on parlait pourtant bien d' "éthique" non ?)

- mais surtout, surtout, enfin des photos des jambes de Ségolène sur une plage de la Côte d'Azur (mon obsession à ce sujet a été bien servie par VSD, Voici et autres Closer cet été !!!)

De quoi bien augurer des quelques mois qui nous séparent encore de l'élection fatitique et qui verront successivement (je ne sais plus vraiment dans quel ordre d'ailleurs) Ségolène sur France 2, Sarko sur Canal+, Ségolène sur TF1, Sarko dans Paris Match, Ségolène sur France Inter, Sarko sur Europe, Ségolène dans le Monde, Sarko sur TF1, Ségolène dans VSD, Sarko dans Femme Actuelle, Ségolène dans Men's Health, Sarko sur TF1, Ségolène sur Radio Courtoisie, Sarko dans le métro, Ségolène à Cuba, etc. etc. etc.

 
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