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23 octobre 2006

Des tribunaux populaires pour les élus

Il faut bien que Ségolène Royal touve une incarnation concrète à son leitmotiv nébuleux de "démocratie participative". C'est désormais chose faite avec son projet de mettre en place des "jurys citoyens" déterminés à juger de manière régulière l'action de leurs élus.

Fidèle à son habitude, Mme Royal ne s'embarasse pas de détails et la mise en oeuvre concrète de ce contrôle des élus par des citoyens tirés au sort reste on ne peut plus vague : "Ces jurys, a précisé Mme Royal, assureraient "une surveillance populaire sur la façon dont les élus remplissent leur mandat par rapport à la satisfaction des besoins, ou par rapport au juste diagnostic des difficultés qui se posent". Cela a-t-il quelque chose à voir avec les comptes rendus de mandat instaurés par Bertrand Delanoë, le maire de Paris ? "Non", répondait Mme Royal à la sortie. Y aurait-il sanction ? "Pas forcément". Jusqu'à quel niveau de responsabilité s'étendrait ce contrôle citoyen ? "Je n'ai pas réponse à tout", éludait avec le sourire la présidente de la région Poitou-Charentes." (Le Monde - 23 octobre)

Avec de telles démarches, on se demande où s'arrêtera l'appauvrissement du rôle des élus et la mise à mal de l'autorité politique issue des urnes. On ne peut que craindre qu'avec de telles mesures populistes, le clientélisme et l'électoralisme qui déjà gangrènent notre système politique ne se trouvent renforcés. On frise là l'anti-parlementarisme le plus radical.

Mme Royal peut-elle d'ailleurs nous expliquer en quoi des citoyens tirés au sort ont la légitimité, la compétence et l'objectivité pour juger de l'action politique de leurs élus issus de leurs propres suffrages ? A quoi donc servent les élections ?

Des citoyens tirés au sort au Parlement à la place des députés élus démocratiquement, est-ce la prochaine étape ?
Doit-on sourire ou avoir peur ?

20 octobre 2006

DSK de nouveau dans la course

Si une seule conclusion devait être tirée du premier débat télévisé des primaires socialistes, ce serait à mon sens le retour de Dominique Strauss-Kahn en rival crédible de la toute puissante Ségolène Royal.

Laurent Fabius se discréditant à chaque intervention par une posture d'extrème gauche sans aucune crédibilité, Ségolène Royal alternant à son habitude propos flous ("développement équitable contre désordre libéral", "écouter pour agir juste", "donner un désir d'avenir à la France") et exemples concrets au ras des pâquerettes, Dominique Strauss-Kahn a fait la démonstration de sa compétence et de sa maîtrise des sujets économiques et sociaux. On peut bien évidemment être en désaccord avec sa vision et ses convictions, elles sont néanmoins apparues comme assez claires et étayées lors de ces interventions.

Lui qui avait du mal à se faire entendre avant ces primaires, Ségolène Royal vampirisant la quasi-totalité de l'espace médiatique à gauche, il a trouvé lors de ce premier "débat" télévisé auprès de ses compétiteurs une nouvelle légitimité. Il a pu enfin dire ce qu'il souhaitait et être entendu du plus grand nombre.

Les militants socialistes l'ont bien perçu et attendent avec impatience la suite des débats pour se voir confortés dans cette possibilité d'une alternative crédible à Ségolène Royal qui, si elle caracole toujours très en tête dans les sondages (réalisés, rappelons-le, auprès des sympathisants et pas des militants), n'est pas à l'abri d'un faux pas ou d'un discours qui lasse par son inconsistance.

Moi qui connaissait peu le personnage de DSK, je ne peux que vous encourager à lire le portrait qu'en a dressé Raphaëlle Bacqué dans le Monde du 18 octobre intitulé "DSK, le dilettante repenti" dans lequel le côté "gauche-caviar" du couple DSK - Anne Sinclair est plutôt sympathique car totalement assumé.

18 octobre 2006

Rocard off et on


Le Monde diffuse à ses abonnés une lettre d'information spécifiquement consacrée aux primaires socialistes.
Je ne peux résister à partager mon sourire avec vous en vous offrant cet article issu de la dernière en date :

"Présent sur le plateau du premier débat télévisé entre les candidats, mardi 17 octobre, Michel Rocard, contraint, comme les autres invités, au silence, a fait circuler un petit bout de papier à la délégation de Strauss-Kahn placée à côté de celle de Fabius pour donner son point de vue sur la prestation de Ségolène Royal. Ce fut bref. "Que des conneries..." avait écrit l'ancien premier ministre. A la sortie, plus policé, M. Rocard déclarait à la presse: "Dominique Strauss-Kahn m'a semblé connaître mieux la matière dont il parle. Je l'ai trouvé plus convaincant que ses collègues. Ségolène Royal était plus extérieure au débat d'une certaine façon." Et d'ajouter: "C'était un bon débat mais presque trop respectueux et ce formalisme est un peu lourd. Je crains qu'il n'ait d'ailleurs un peu lassé l'opinion, mais je craignais un débat encore plus morne." "

J'imagine que c'est pour cela que l'Etat-Major de campagne de Mme Royal a exigé pour les prochains débats publics en Fédérations, des journalistes sans caméra, sans appareil photo, sans dictaphone. Et sans stylo ?

Photo (c) Le Figaro

Un socialiste heureux

C'est en Belgique. Il vient de gagner les élections. Il nous fait partager sa joie sur la RTBF. On attend de voir la même video avec Laurent Fabius...

17 octobre 2006

Bayrou : Surprise du premier tour ?

Se posant en candidat "de la protestation positive", commençant à bénéficier du repoussoir qu'incarnent pour les électeurs modérés de gauche et de droite les personnalités affirmées pour ne pas dire autocratiques de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, François Bayrou pourrait bien créer la surprise au premier tour.

En témoigne cet article du Monde daté du 29 septembre dernier :

"Chaque jour depuis fin août, François Bayrou reçoit plusieurs appels d'amis, d'élus, de conseillers. Tous tiennent à lui faire savoir personnellement qu'ils ont, au cours de la journée, ou dans un dîner en ville, rencontré un ou plusieurs électeurs de l'UMP ou du PS prêts à voter pour lui à l'élection présidentielle. Lundi 25 septembre, Maurice Leroy, député UDF de Loir-et-Cher, recevait dix nouveaux adhérents à sa permanence. Aussitôt, il a prévenu "François" : "Huit venaient de la gauche !"

Mercredi, six élus UMP du conseil municipale de Toulouse ont rallié le parti centriste. Ce même jour, une note de quatorze pages est arrivée sur son bureau, rue de l'Université, à Paris. Rédigée par Frédéric Lefebvre-Naré, elle s'intitule "Ce qui se passe sur Internet autour de François Bayrou et de l'UDF". La première analyse de ce polytechnicien entré au service de l'UDF depuis six mois concerne le site agoravox.com, qui a organisé deux jours durant un sondage en ligne sur le premier tour de la présidentielle. Près de 4 000 internautes y ont pris part.

Divine surprise : " François Bayrou a d'abord été classé en deuxième position, puis est passé en tête avec 20-21 % des voix et son score atteint désormais (26 septembre) 28 %", écrit M. Lefebvre-Naré. Suivent plusieurs pages d'extraits de paroles d'internautes, sympathisants du PS ou de l'UMP, recueillis sur les sites des journaux. Tous se disent prêts à voter François Bayrou.

Ce "buzz" favorable aurait démarré dès la parution dans L'Express, le 31 août, des premières attaques du candidat Bayrou contre l'"intimité" du président de l'UMP avec "les puissances de l'argent". Le lendemain, sur France Inter, il dénonce les dirigeants des grands groupes audiovisuels les accusant "d'orienter" les Français "vers un choix préfabriqué". La rumeur positive chez les internautes augmente, à la faveur du face-à-face tendu entre le député des Pyrénées-Atlantiques et Claire Chazal, le 2 septembre, lors du "20 heures" de TF1.

Selon les proches de M. Bayrou, les confidences du candidat sur son entretien avec les dirigeants de la chaîne privée auraient encore amplifié ce phénomène. "Une explication musclée. Les murs ont tremblé", a raconté plusieurs fois le président de l'UDF, expliquant que ses interlocuteurs avaient milité ouvertement pour le "bipartisme" en politique.

Même les plus rêveurs de ses partisans n'osent conclure à une "bayroumania". D'autant que les sondeurs maintiennent leurs estimations, entre 7 % et 10 %, au premier tour. "La structure de sa popularité reste marquée à droite, souligne Brice Teinturier (TNS-Sofres). Même s'il est efficace et pertinent dans sa dénonciation, son espace reste celui d'un leader de droite modéré."

Mais chacun des soutiens du candidat UDF note que, désormais, "il n'est plus perçu comme avant". Deux fois ministre, favorable à la Constitution européenne, il est parvenu à capter - comme Jean-Pierre Chevènement en 2002 - l'étiquette de "candidat antisystème". Directeur de l'hebdomadaire Marianne, Jean-François Kahn lui a apporté son soutien "personnel" au nom du "centrisme révolutionnaire". "Maintenant, il est à la table de jeu", résume son conseiller, Philippe Lapousterle. Première conséquence : les concepteurs de la publicité pour Europe 1 ont intégré du coup le président de l'UDF (ainsi que Jack Lang) à leur visuel.

Persuadé que l'élection "attend sa surprise", installé sur le créneau de "la protestation constructive", il crève la "bulle Ségo-Sarko". Consultés au même titre que les sondeurs, des spécialistes du marketing l'ont convaincu que les "produits Royal et Sarkozy étaient liés comme Coca et Pepsi. Si l'un deux baisse, l'autre baissera à son tour" et que "tout ce qui ferait du tort à l'un atteindrait l'autre".

D'autres experts, plus politiques, ont mis en avant l'attirance de certains électeurs pour les valeurs d'autorité défendues par le couple Royal-Sarkozy, et leurs craintes face à la personnalité ou la capacité de l'un et l'autre. Ils en ont conclu que le vote Bayrou pouvait, dans ces conditions, devenir une "valeur refuge".

Reste à peaufiner sa stature de présidentiable. "Il bosse comme jamais", exulte un proche - et fait tout pour démentir sa réputation de dilettante. Durant l'été, il a consulté de grands patrons, en toute discrétion. Des intellectuels, tels que le démographe Emmanuel Todd et l'économiste Michel Godet, ont été reçus rue de l'Université. Un livre Au nom du Tiers-Etat (Hachette Littérature) paraîtra le 11 octobre. Son objectif : démontrer la "cohérence politique" du candidat et montrer qu'il n'est pas qu'un "homme de coups" et de "critiques".

Il y a quelques années, Jean-Louis Borloo avait eu ce mot concernant le président de l'UDF : "François préférera toujours avoir raison que de gagner une élection." "Aujourd'hui, répond-on à l'UDF, François veut gagner."

Philippe Ridet

Pauvre DSK !

Cette fois, c'est fichu. Il avait déjà le soutien de Michel Rocard, de Catherine Tasca, de Jean-Marie Bockel, il vient de recevoir aujourd'hui celui de Robert Badinter ! Pourquoi pas Kouchner ou l'Abbé Pierre pendant qu'on y est !

Décidément, Dominique Strauss-Khan n'a rien compris à la communication politique moderne (voir ses essais malheureux devant les caméras de Canal+, dans un billet du 4 octobre) et reste un amateur. Même sa pauvre tentative d'un hymne de campagne made in Sarcelles sur fond de Zouk est d'une maladresse affligeante. Il ne sait plus quoi faire ce pauvre Dominique (il devrait au moins commencer par virer son conseil en communication).

C'est pas du Rocard qu'il lui faut, pas du Badinter, c'est du Jamel, du Doc Gyneco, du Johnny, du Diam's !!!

Dominique, si tu me lis, je t'en prie, ressaisis-toi : change de costume, maigris de 10 kilos, souris, arrête de nous prendre la tête avec toutes tes idées et tes propositions pour la France, ne prononce plus jamais les mots "social-démocratie", souris, adopte un petit orphelin, envoie ta femme chez Ardisson, ne dis rien de concret, souris, va faire un tour à l'étranger voir comment ça se passe (les socialistes ont perdu le pouvoir en Suède, va plutôt en Espagne ou en Amérique Latine), mets toi au jogging, adopte un chien, copie sur tes voisins de droite, copie sur tes voisins de gauche, dis nous bien que tout ira mieux demain, achète une voiture hybride mais surtout souris, souris, souris toujours.

16 octobre 2006

Redevance socialiste

Bon, allez, une petite question en passant ce soir, alors que les candidats à la candidature socialiste inaugurent une série de 6 débats dont 3 seront retransmis sur les chaînes parlementaires : Qui paye les émissions ? On ne peut qu'être surpris par le fait que la redevance payée par tous les français semble en ce cas servir à financer les débats permettant aux militants socialistes de choisir leur candidat à l'élection présidentielle. Personnellement, je m'en fiche un peu à vrai dire mais j'entends d'ici les cris d'horreur de la gauche si l'UMP utilisait les moyens audiovisuels nationaux aux seules fins de départager MM. Sarkozy et Villepin (c'est un exemple...) dans la course à l'investiture !

12 octobre 2006

Ségolène et la Turquie

Ségolène Royal donnait hier une conférence de presse à l'Assemblée Nationale pour présenter sa vision de l'Europe et la résumer à 7 propositions. Une fois de plus, après une lecture toute "brejnevienne" de son discours, la séance des questions directes s'est révélée cruelle pour la candidate à la candidature, et ce, dès la première question posée "Quel est votre avis sur l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne ?" Combien de temps encore Ségolène Royal évitera-t-elle tout débat ? Pour l'instant elle reste fidèle à elle-même : "Mon avis c'est celui du peuple français"...

La preuve (édifiante) en images :



La prudence dans l'absence de prise de position a ses limites.

04 octobre 2006

DSK : un homme intègre

Super innovation technique sur France Politique ce soir : vous allez pouvoir enfin consulter aussi de la video en ligne.

J'inaugure cette série avec des images (désolé, la qualité est très médiocre, je ferai mieux la prochaine fois) que vous avez peut-être déjà vues sur Canal, où Dominique Strauss-Kahn nous démontre en direct toute sa spontanéité et l'honnêté de sa démarche politique.



Le truc énorme, c'est quand DSK dit "Oh, non, ne me dites pas que vous ne l'avez pas, je ne peux pas rentrer chez moi sinon !" Quel talent, quelle imagination, quel sens de l'improvisation !

Il paraît que depuis, François Hollande a refusé de participer à la même émission. Il a le même conseiller en communication que DSK ?

 
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