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29 juin 2006

Back in business

Ah que cela fait plaisir de retrouver M. Jospin au journal de 20h ! Son charisme, son allure décontractée, détendue, son aisance naturelle, son humour, certes parfois un peu potache, sa franchise, son courage politique, son opiniâtreté et sa persévérance, ses idées concrètes et innovantes pour la France de demain, tout était là.

De belles retrouvailles aptes à satisfaire tous les électeurs de gauche abandonnés en rase campagne en avril 2002, non ?

Pour ceux qui en redemanderaient, cette intervention émouvante est visible sur le site de TF1 :
http://tf1.lci.fr/infos/france/0,,3312521,00.html
(mais ne vous inquiétez pas, mon petit doigt me dit qu'il y en aura bien d'autres dans les 3 prochains mois... )

Et pour les plus nostalgiques d'entre nous, la déclaration de retrait de la vie politique de M. Jospin peut s'écouter sur le site de Radio France, à la date du 21 avril 2002 (http://www.radiofrance.fr/rf/documentation/sons_annee/recherche.php?s_date=2002).

Les sceptiques pourront ainsi vérifier sur pièces l'absence de l'adjectif "définitif" qualifiant le mot "retrait".

Tous les espoirs sont donc permis !

Fissures

Paru aujourd'hui sous la plume d'Isabelle Mandraud dans le Monde, un petit article, compte-rendu du déplacement effectué par Ségolène Royal à Soissons, qui outre sa réaction embarrassée face au retour dans la course de Lionel Jospin (sur lequel nous reviendrons), témoigne fort justement de son réel caractère que l'on commence à voir paraître sous l'humble vernis de "tout le monde il est gentil, tout le monde il est intelligent, je ne suis là que pour relayer vos idées"...

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A Soissons, Ségolène Royal se dit "unitaire pour tous"

n détour par une usine occupée, Saint-Germain Emballages, dans la périphérie de Soissons, mardi 27 juin, un échange avec les représentants des salariés sur les patrons "qui se comportent mal", et Ségolène Royal était prête. Prête à répondre bon gré mal gré à l'intervention, publiée le jour même dans Le Monde, de Lionel Jospin. "Tout le monde est bienvenu dans le débat... C'est une voix autorisée bienvenue en soutien au projet...", commence la présidente de la région Poitou-Charentes, candidate à l'investiture du PS pour 2007. "Il fait même référence au projet socialiste. Son article est très bien, c'est une contribution utile", poursuit-elle. Service minimum pour un exercice obligé.

Mais c'est aussi l'occasion pour Mme Royal de se donner le beau rôle. "Compte tenu de ma responsabilité, de la place que j'occupe dans le débat politique, je dois être unitaire pour tous. Moi, je n'oppose pas les socialistes les uns aux autres."

Elle est plus à l'aise pour donner la réplique à Laurent Fabius qui avait, quelques jours plus tôt, ouvert le bal de la contre-offensive en critiquant ses prises de position. "J'ai cette responsabilité de tirer le débat des socialistes vers le haut. Je m'interdis et j'interdis à ceux qui me sont proches de tomber dans le dénigrement. Jamais je ne ferai le procès à un socialiste de ne pas être à gauche car je pense que c'est ravageur", souligne la candidate, avant de couper court. Arrivée avec quelques minutes de retard, une journaliste s'entend répondre durement : "Vous n'aviez qu'à être là. Je ne vais pas recommencer."

C'est pourtant de l'unité des socialistes dont il est question aujourd'hui. Malgré les sondages qui la placent toujours loin devant les autres, Mme Royal ne parvient pas à fédérer la famille socialiste. Mardi, son déplacement dans l'Aisne, se devait d'être un gage supplémentaire donné sur son attachement au PS. A son arrivée, elle s'est d'abord rendue dans le petit village de Chaudun déposer une gerbe sur la tombe de Louis Jaurès, le fils de Jean Jaurès mort en 1918 et dont la stèle avait été inaugurée en 1936 par Léon Blum.

"J'aime beaucoup les commémorations car, sans leur histoire, les socialistes ne seraient pas ce qu'ils sont, a-t-elle expliqué, le soir, lors d'une réunion publique avec 400 militants à Soissons. Ça laisse derrière nous les petites polémiques, les attaques d'où qu'elles viennent." Un coup d'oeil sur l'écran dressé dans la salle pour le match de football France-Espagne, pour la photo, et puis elle est repartie.

Isabelle Mandraud

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Ce qui m'interpelle avant tout ce sont les deux phrases : "Compte tenu de ma responsabilité, de la place que j'occupe dans le débat politique..." et "J'ai cette responsabilité de tirer le débat des socialistes vers le haut. Je m'interdis et j'interdis à ceux qui me sont proches de tomber dans le dénigrement. Jamais je ne ferai le procès à un socialiste de ne pas être à gauche car je pense que c'est ravageur".

Elles soulignent tout à fait à mon sens le caractère profond de Mme Royal, celui qu'elle cherche à masquer mais que l'on devine au détour d'une phrase, d'une attitude, du témoignage de ceux qui l'ont approchée, à savoir une très haute opinion d'elle même (c'est criant de vérité dans cet article) masquée par une fausse modestie et une hypocrisie qui se révèle aussi dans le "je ne dénigre pas, je suis au dessus de tout ça, mais quand même..."

En effet, alors que soit-disant elle "ne fera jamais le procès d'un socialiste de ne pas être à gauche", n'a-t-elle pas déclaré que son projet à elle serait "socialiste" en écho intentionnel aux déclarations de Lionel Jospin en 2002 ? Il y a des remarques qui ne laissent rien au hasard...

Le vernis tiendra-t-il encore 10 mois ou se craquellera-t-il avant ?

20 juin 2006

Les bons et les méchants

Merci à Desirsdavenir de nous offrir un si bel exemple, au point d'en être totalement caricatural, du terrorisme intellectuel qui subsiste toujours dans notre beau pays. Je résume : en France, on est soit solidaire, soit libéral. On fait dans la nuance chez les éditorialistes du Monde !

Donc d'un côté la générosité, le souci de l'autre, le refus de l'exclusion, la lutte contre les inégalités, la défense de l'intérêt général et de l'autre l'égoïsme, l'indifférence aux autres, la loi de la jungle et le chacun pour soi. On imagine aisément dans quelle catégorie se range notre ami Desirsdavenir.

Mais où classer ses amis politiques ? Surtout quand on lit dans ce même article que pour M. Andréani "une partie de la gauche modérée est sensible aux sirènes libérales. C'est en particulier le cas de la gauche caviar". Où se rangent alors les laudateurs de Blair, Zapatero, Prodi et consors ? Ségolène, Strauss-Khan, solidaires ou libéraux ? Clinton dans quelle catégorie ? C'est grotesque. Le débat est bien, au contraire, de définir le juste équilibre qui doit exister entre libéralisme et solidarité !

Comme le disait Talleyrand : "Tout ce qui est excessif est insignifiant". On peut en dire de même de la vision simpliste et manichéenne proposée par cet article.

12 juin 2006

Frustration

De l'obsession Ségolène à la frustration DSK.

Vendredi soir, dans l'émission de France Inter "Le Franc-Parler", Dominique Strauss-Khan répondait aux questions des journalistes du Point et d'Inter. Très à l'aise, comme toujours dans ses interventions publiques, DSK a fait forte impression. Censé, modéré, évitant soigneusement surenchère et démagogie, il m'a presque convaincu qu'il était possible qu'un jour le Parti Socialiste français devienne un vrai parti social-démocrate, tournant le dos à ses vieilles lunes idéologiques d'un autre temps (on ne reviendra pas sur la dernière sortie de M. Hollande) pour concilier libéralisme économique et justice sociale.

Il en va de même avec le papier publié par Lionel Stoleru dans le Monde d'aujourd'hui et intitulé "Pour une gauche qui tienne la route" (http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-781489,0.html) et qui, malgré quelques caricatures et approximations économiques (sur la politique de relance par la demande par exemple), présente un visage de la gauche plutôt rassurant et honnête. Allant même jusqu'à avouer : "la gauche, comme la droite, devra gouverner en économie de marché, sauf à quitter l'Union européenne, à fermer nos frontières, à nationaliser les entreprises, bref à revenir un demi-siècle en arrière. Personne ne le fera. Il n'est pas vrai que la gauche renationalisera EDF après 2007, il n'est pas vrai qu'elle abrogera la réforme des retraites. Promettre des lendemains qui chantent, avant 2007, et qui déchantent après, est-ce digne d'une grande formation démocratique ?"

Mais pouvait-on en attendre moins de la part d'un ancien ministre giscardien ayant servi Barre et Rocard ?

On se prend alors à rêver à l'improbable scission du PS qui laisserait sur sa gauche Fabius, Melenchon et Emmanuelli rejoindre Arlette et son facteur et qui ouvrirait la voie à la création d'une vraie formation politique décomplexée de centre-gauche à l'instar du Labour ou des Démocrates américains.

On peut également regretter que les médias ne relaient que si peu la voix de ces hommes-là (d'où la frustration), laissant Ségolène Royal occuper toute la bande passante médiatique (d'où l'obsession)...

Double langage

Article paru dans 20 Minutes le 9 juin dernier : "Les papiers ou le bac, je veux au moins l'un des deux" où l'on apprend (enfin moi en tout cas) qu'en France on peut faire ses études, passer son bac, s'inscrire en BTS tout en étant sans papiers...

Je ne mets aucunement en doute la bonne volonté et l'intégration réussie de la jeune fille qui témoigne dans cet article mais on ne peut que s'étonner que malgré la volonté affichée de tous les responsables de droite comme de gauche pour lutter contre l'immigration illégale, on puisse néanmoins, au vu et au su de tous, poursuivre des études en France et s'inscrire à l'Université en étant dans l'illégalité la plus totale.

C'est bien l'Etat lui-même dans ce cas (l'Education Nationale à tout le moins) qui bafoue les rêgles de Droit les plus élémentaires. Visiblement, cela n'étonne personne, en tout cas pas les 2,2 millions de lecteurs de 20 Minutes...

09 juin 2006

Lutte des classes

Impossible de rester impassible devant l'aveu de M. François Hollande fait sur France 2 et déjà mentionné par l'Horrible Tcharlie : "Je n'aime pas les riches, j'en conviens."

On passera outre le fait que cette sentence définitive provienne de quelqu'un qui a vécu longtemps dans une maison en plein Paris, au coeur du 7ème arrondissement, à deux pas de l'avenue de Breteuil, mais on ne peut ignorer à quel point ce type de formule trahit de cynisme, de démagogie ou, plus grave encore, d'imbécilité.

En est-on resté chez M. Hollande, chef du Parti Socialiste, au stade de la lutte des classes abandonné par tous les partis de gauche en Europe ? Est-ce là la vision moderniste et réformatrice la plus aboutie du socialisme à la française ? C'est pitoyable.

Soyons donc réalistes et tirons les enseignements de cet aveu de M. Hollande : S'il n'aime pas les riches, pourquoi se battrait-il pour que les pauvres soient riches un jour (quelle horreur) ? C'est bien là la vision affirmée de l'archéo-socialisme français, ne rien faire pour que les pauvres puissent devenir riches mais tout faire pour que les riches deviennent pauvres. CQFD.

02 juin 2006

Fac-Simile

Enorme ! Ségolène Royal n'est pas seulement le meilleur candidat de la Gauche, elle est aussi en train de devenir le meilleur... de la Droite.

"Encadrement militaire", "mise sous tutelle des allocations familiales", "placement d'office en internat scolaire", "mise au carré des familles", le moins que l'on puisse dire c'est que Mme Royal ne caresse pas les idées de l' Archéo-Gauche bien pensante dans le sens du poil et il faut à tout le moins reconnaître son courage. Et sa lucidité. Tournant le dos à l'angélisme béat de l'époque Jospinienne sur le thème de la sécurité, elle développe une approche de fermeté qui, n'en déplaise aux esprits bien pensants qui n'ont jamais vécu dans des quartiers difficiles, séduit aujourd'hui les classes populaires. Celles-là mêmes que le Parti Socialiste est censé défendre (à défaut de les représenter)...

La levée de boucliers et l'embarras suscité par ses prises de position sécuritaires à Gauche ne laissent rien présager de bon quant au Projet définitif qui sera bientôt présenté par le Parti Socialiste.

Florilège :

"On a un Sarkozy dans le pays, c'est pas la peine d'en avoir deux" (Dominique Strauss-Kahn)
"La militarisation de la sécurité, ce n'est pas l'ordre juste mais juste l'ordre" (Jean-Christophe Cambadélis)
"Une dérive droitière sans précédent" (Jean-Luc Melenchon)
"Ce serait le déshonneur de la gauche de proposer de telles mesures" (Claude Bartolone)

Sans parler de la volte-face du plus haut ridicule de Jack Lang qui approuvait les propos de Ségolène ("je suis en plein accord avec ce qui a été dit à Bondy") avant de se raviser et de rappeller au téléphone les journalistes rencontrés quelques heures plus tôt pour manifester sa "perplexité sur la tonalité de ce qui a été dit".

On attend impatiemment la réaction de notre ami Desirsdavenir sur "la chasse aux voix de l'extrème droite" ou la "dérive villieriste" de sa divine Ségolène.

 
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